Deux faits récents ont attiré mon attention dans le monde de la musique.
Stereophile vient de décerner le prix du produit de l’année "editor’s choice" 2007 à deux sites de téléchargement, linn records et music giants. Ce prix récompense la possibilité, encore rare, de télécharger des fichiers dans une résolution 16 /44,1 et 24/96 en mode flac sans limitation de droit de copie. Blue Coast Records, label américain fameux pour avoir commis le disque ESE Sessions, vient de proposer le téléchargement gratuit d’une plage de 2 minutes sous 3 formats AAC plein débit, flac et WAV 16/44,1.
Faut il y voir la riposte audiophile à l’itunes store ? la guerre des formats de téléchargement aura t’elle lieu ?
La dématérialisation du support de la musique comme il en a été de celui de la photographie est en marche. Personne aujourd’hui ne conteste la supériorité de l’image numérique sur l’image argentique. Pourtant à cette époque de revival du disque vinyle, le support audio numérique ne bénéficie pas du soutien des amateurs de reproduction musicale de qualité. Les raisons sont multiples.
La dernière publication de l’AES qui comparait, à l’aveugle sur un panel d’auditeur, un format de résolution standard contre un format haute résolution n’a pas pu départager les prétendants. Ce fait contredit les premiers essais haute résolution réalisés devant un panel de journalistes et d’auditeurs expérimentés en 1998-1999. Les résumés de l’époque attribuaient des vertus de chaleur, de douceur et de filé au formats HD contre une restitution plus simplifiée et agressive pour le cd. Comment cette différence a t’elle pu se combler ?
Deux explications sont possibles :
La responsabilité des industriels et en particulier des éditeurs de contenu musical est aussi à prendre en compte. Il ne suffit pas de truffer les appareils grand public de puces de conversion capables de prouesses qui rapprocheraient les performances des supports numériques de celles de la bande master pour convaincre les auditeurs de la supériorité de la haute définition. Il faut aussi fournir du contenu à tous ces appareils. Ce qui n’a pas été fait. Il est fort à parier que DSD et PCM 24/192 resteront des formats d’enregistrement professionnels et de démonstration pour audiophile.
En ce qui concerne le téléchargement, la bataille des formats n’aura pas lieu, faute de combattant. Le format vainqueur est le PCM, en 16/44,1 et 24/96. Ce format est effectivement reconnu nativement par des millions d’appareils équipés de processeurs acceptant jusqu’au PCM 24 /192. Certains de ces appareils sont même équipés d’entrés numériques et ne demandent qu’a recevoir un flux PCM par une entrée non protégée. En écrivant cela je pourrais décrire un lecteur DVD de base ou encore n’importe quel intégré audio-video, ou la carte son d’un PC. Le format PCM est ouvert, copiable, se transmet aisément d’un appareil vers un autre par un simple câble ou par les ondes. Les liaisons DSD étant soit propriétaires soit inexistantes par la volonté de sony/philips, ce format se condamne tout seul, il ne sera pas téléchargeable. Il n’existe pas sauf rare exception de décodeur de DSD. Le DSD reste prisonnier de son support physique.
La conclusion de tout cela c’est qu’un convertisseur externe, suffisamment versatile, de haute qualité reste un investissement de choix pour un audiophile prévoyant. On voit d’ailleurs fleurir des d’entrée numériques sur des amplis intégrés et des lecteurs de disques.
Reste la grande question de ce qui sera servi à tous ces décodeurs. Des fichiers numériques oui mais quelle sera la source ? Disque dur autonome, ordinateur, lecteur de mémoires de masse à carte ? De tel appareils existent déjà, il n’ont pas les faveurs des audiophiles car la mise en forme du signal numérique est le sujet de bien des tourmentes. Il faudrait certainement offrir a ces appareils des fonctionnalité de réduction du jitter, de mise en forme du signal, de correction d’erreurs .
Le futur développement du téléchargement audiophile passe par l’apparition d’appareils capables de réceptionner une masse d’informations, par la lecture au mieux d’un disque, par un téléchargement, par l’utilisation d’une mémoire de masse. Cet appareil serait capable de mettre en forme cette masse d’information avant conversion. Il serait possible d’améliorer certains paramètres par une sorte de remastering digital. Il s’agit d’un travail de fond que peu de compagnies de l’audio haut de gamme prennent en compte. Il ne s’agit pas ici de fabriquer un appareil mais bien une suite logicielle. Une sorte de Photoshop de l’audio.
Pour le moment les rares tentatives dans cette voie se heurtent aux protections informatiques existantes qui s’appellent windows media player et Itunes. On peut citer BURWEN BOBCAT pour WMP, et le défunt VOLUME LOGIC de PLANTRONICS pour itunes sous forme de plug-ins. D’autres solutions sont le fait de constructeurs sous forme d’éléments séparés, et de logiciels propriétaires integré dans des DSP. Je pense au processeur JVC K2 net tune, à certains media box orientés audio et à GOLDMUND qui travaille depuis de nombreuses années sur ce sujet. Enfin d’autres solution s’appuient juste sur l’informatique existante, c’est le cas de la Rosita de Apertura amélioration des bornes Apple airport modifiées par dbsystems.
Quelques liens utiles indépendants: